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La Providence sait bien ce qui en arrivera. Adieu, ma très-chère et très-bonne.


1680

850. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le même jour que j’eus reçu cette lettre (no 847, p. 45), j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 4e septembre[1] 1680.

La peine que vous avez, ma chère cousine, à croire que Mme de Bussy puisse faire vendre[2] le bien de la maréchale d’Estrées, vient de ce que vous croyez que celle-ci a plus d’esprit que l’autre ; et en effet il en pourroit être quelque chose : elle sait mieux vivre et mieux parler, mais cela ne paye pas les dettes d’une maison, et Mme de Bussy sait mieux les affaires, parce qu’elle s’y est plus appliquée.

C’est un bon moyen pour mépriser la fortune que d’être malheureux et que de penser à la mort. Mon fils a mis sur la chaleur de Rabutin[3] une dose de la férocité de Rouville[4], qui le rend, m’a-t-on dit, assez incompatible pour le commerce du monde. Cependant je ne désespère

  1. Lettre 850. — 1. De précédentes éditions, qui datent notre lettre 847 du 28 septembre, placent celle-ci au 4 octobre ; nos dates sont celles des deux manuscrits et de la première édition (1697).
  2. 2. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « que Mme de Bussy fasse vendre ; » deux lignes plus loin : « que celle-ci a bien plus d’esprit que l’autre ; et en effet, je vous l’avoue, elle sait mieux, etc. »
  3. 3. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « sur sa chaleur de Rabutin ; » cinq lignes plus loin : « et comme cela pourroit être, je crois que ce ne sera pas manque de mérite ; » vers la fin de l’alinéa : « qu’elle pourroit être un joli garçon. »
  4. 4. Sa mère était Louise de Rouville. Voyez la Généalogie, tome I, p. 342 et 343.