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Adieu, ma petite sœur : je fais toujours mille compliments remplis de contrition à M.de Grignan, et vous supplie de sauver ma princesse[1] des fureurs du Troyen.

Suscription : Pour ma petite sœur.


1685

952. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 7e février.

Vous ne sauriez mieux faire que de promener votre tristesse à Versailles ; ce qui seroit pourtant encore mieux, seroit de n’avoir point de tristesse. Je crois que la poudre de sympathie n’est point faite pour de vieux maux : elle n’a guéri que la moins fâcheuse de mes petites plaies ; j’y mets présentement de l’onguent noir, qui est admirable ; et je suis si près d’être guérie, que vous ne devez plus penser à moi que pour m’aimer, et vous intéresser à la solide espérance que j’ai actuellement. Je n’ai pas un moment de fièvre, je suis tout comme un autre[2] : je mange sagement ; quand il fait beau, je me promène ; on veut que je marche parce que je n’ai point d’inflammation ; j’écris, je lis, je travaille, je reçois vos lettres avec tendresse et empressement : voilà, ma très-aimable, comme je suis, sans rien déguiser. Les grisons[3]

  1. 28. Mlle d’Alerac.
  2. LETTRE 952. — 1. Il y a un autre, et non une autre, dans les deux éditions de 1754, nos seules sources pour cette lettre. Voyez tome V, p. 500.
  3. 2. Le mot grisons est pris sans doute ici dans le sens que lui donne cette définition du Dictionnaire de Trévoux : « Grison se dit… par raillerie, des gens de livrée qui ne portent point de couleurs, et que l’on fait habiller de gris, pour les employer à des commissions secrètes. »