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1685

951. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche matin 4e février.

de madame de sévigné.

Hormis la promptitude de la guérison, ma bonne, vous pouvez compter que vous m’avez guérie. Il est vrai que nous pensions au commencement que ce seroit une affaire de quatre jours : nous nous sommes trompés, voilà tout, et en voilà quinze ; mais enfin la cicatrice[1] fait une fort bonne mine de vouloir s’avancer, et pour la presser encore davantage, nous ôtons l’huile, avec votre permission ; car nous avons suivi vos ordres exactement[2], et nous mettons de l’onguent noir que vous avez envoyé, et qui ne nuira pas à la poudre de sympathie, pour fermer entièrement la boutique ; ôtez-vous donc de l’esprit tout ce grimaudage d’une femme blessée d’une grande plaie : elle est très-petite, aussi bien que l’outil dont se sert votre frère ; rectifiez votre imagination sur tout cela ; ma jambe n’est[3] ni enflammée, ni enflée. J’ai été chez la princesse, je me suis promenée ; je n’ai point l’air malade ; regardez donc votre bonne d’une autre manière que comme une pauvre femme de l’hôpital ; je suis belle, je ne suis point pleureuse comme dans ce griffonnage ;

  1. Lettre 951 (revue en très-grande partie sur l’autographe). — 1 « Ma guérison a été plus lente que nous n’avions cru, mais c’est toujours vous qui m’avez guérie. Nous pensions d’abord que ce seroit une affaire de quatre jours, et en voilà quinze : c’est là toute notre erreur. La cicatrice, etc. (Édition de 1754.)
  2. 2. Les mots : « car nous avons suivi vos ordres exactement, » et, deux lignes plus loin : « pour fermer entièrement la boutique, » ne sont pas dans le texte de 1754.
  3. 3. « Ôtez-vous donc de l’esprit cette idée d’une grande plaie ; elle est très-petite, et ma jambe n’est, etc. » (Édition de 1754.)