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1676chose de terrible : mandez-nous votre avis, pour terminer notre dispute. Je salue M. de Grignan, et baise la Dague[1] au front.

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497.— DE CHARLES DE SÉVIGNÉ, SOUS LA DICTÉE DE MADAME DE SÉVIGNÉ, À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, mercredi 29e janvier.

Ce qui vous paroîtra plaisant, ma fille, c’est que je suis guérie, que je n’ai plus ni fièvre ni douleurs, et que pourtant je ne vous écrirai point ; mais c’est par la raison même que je suis guérie, que je ne puis écrire. Mes douleurs se sont changées en enflure, de sorte que cette pauvre main droite ne me peut plus servir à griffonner comme ces jours passés : c’est encore un peu d’incommodité qui ne durera pas longtemps. Je ne suis présentement qu’à me consoler des maux que le lit m’a donnés pendant quinze jours. Je commence à me promener par ma chambre ; je reprends mes forces : cet état n’est point à plaindre, et je vous prie de ne vous en point faire une peine, dans le temps que nous nous en faisons un plaisir sensible. J’ai lu vos deux lettres : elles sont divines ; vous me faites des représentations admirables : si jamais je puis avoir la main libre, j’y ferai réponse ; en attendant, croyez que vous ne perdez rien avec moi, ni de l’agrément de votre commerce, ni de l’amitié que vous me témoignez. Une des plus grandes joies que j’aie eues du retour de ma santé, c’est l’inquiétude que cela vous ôtera. Vous n’en devez plus avoir, puisque nous vous avons mandé toutes choses dans l’exacte vérité, et que nous goûtons présentement les délices de la convalescence.

  1. Mlle de Montgobert. Voyez la lettre du 23 février suivant.