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496. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES
DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, lundi 27e janvier[1].
de madame de sévigné.

J’ai encore les mains enflées, ma chère enfant, mais que cela vous persuade la fin de tout le rhumatisme, qui a toujours diminué depuis cette crise dont nous vous parlâmes le neuf de mon mal[2].

de charles de sévigné sous la dictée de sa mère.

Il est donc vrai que depuis cette sueur, ensuite de plusieurs autres petites, je me trouve sans fièvre et sans douleur, à la réserve de celle que donne la lassitude du rhumatisme. Vous savez ce que c’est pour moi que d’être seize jours sur les reins, sans pouvoir changer de situation. Je me suis rangée dans ma petite alcôve[3], où j’ai été très-chaudement, et parfaitement bien servie. Je voudrois bien que mon fils ne fût pas mon secrétaire en cet endroit, pour vous dire ce qu’il a fait dans cette occasion. Ce mal a été fort commun en ce pays, et ceux qui ont évité la fluxion sur la poitrine y sont tombés ; mais pour vous dire le vrai, je ne croyois pas être sujette à cette loi commune : jamais une femme n’a été plus humiliée, ni plus traitée contre son tempérament. Si j’avois fait un Lettre

  1. 496. — Dans l’édition de 1734, la lettre est datée du 12 février, et l’on n’y a pas fait de distinction entre ce que Mme de Sévigné écrit de sa main et ce que son fils écrit sous sa dictée.
  2. Les mots le neuf de mon mal ne sont que dans l’édition de 1754.
  3. Cette alcôve, accompagnée de deux petits cabinets, a été conservée dans la chambre à coucher de Mme de Sévigné aux Rochers ; on y voit encore son lit de satin jaune, brodé aux Indes, en soie de couleur, or et argent. (Note de l’édition de 1818.)