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petite personne fort jolie[1], dont les yeux ne nous faisoient point souvenir de ceux de la Divine. Nous avons remis, par son moyen, le reversis sur pied, et au lieu de biguer[2], nous disons bigler. J’espère que le plaisir de dire aujourd’hui cette sottise devant la Plessis, nous consolera de sa présence : elle vous salue avec sa roupie ordinaire. Après la cérémonie, pour vous montrer la vieillesse et la capacité de la petite personne qui est avec nous, c’est qu’elle nous vient d’assurer que le lendemain de la veille de Pâques étoit un mardi ; et puis elle s’est reprise, et a dit : « C’est un lundi ; » mais comme elle a vu que cela ne réussissoit pas, elle s’est écriée : « Ah ! mon Dieu ! que je suis sotte ! c’est un vendredi. » Voilà où nous en sommes. Si vous aviez la bonté de nous mander quel jour vous croyez que c’est, vous nous tireriez d’une grande peine.

Si vous trouvez quelque embarras dans ces dates, c’est que ma mère vous écrivit hier au soir au sortir du mail ; et moi, je vous écris ce matin en y allant tuer des écureuils[3].

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478. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, mercredi 18e décembre.

Je viens d’écrire à M. de Pompone et à Mme de Vins, parce que M. d’Hacqueville me l’a conseillé. Je crois avoir pris le ton qu’il faut : j’envoie mes lettres ouvertes à ce dernier, qui est effrayé d’être seul contre tant de gens

  1. Voyez tome II, p. 300, la fin de la note 19.
  2. Échanger, en termes de jeu.
  3. Si nous avions l’original des deux lettres, de la mère et du fils, nous trouverions sans doute en tête de l’une la date du samedi ; de l’autre, celle du dimanche.