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Monsieur veut que je vous dise que je suis fâché de ce qui s’est passé. — Ah ! Monsieur, dit Varangeville, est-ce là une satisfaction ? — Monsieur, dit le chevalier, c’est tout ce que je vous puis dire, et vous souhaiter du reste prospérité et santé. » Monsieur voulut rompre cette conversation, qui prenoit un air burlesque. Varangeville rentra par une autre porte, et dit à Monsieur : « Monsieur, je vous supplie au moins de demander pour moi, pour l’avenir, à M. le chevalier de Lorraine son estime et son amitié. » Monsieur le dit au chevalier, qui répondit : « Ah Monsieur, c’est beaucoup pour un jour, ; » et l’histoire finit ainsi, et chacun a repris sa place comme si de rien n’étoit. Ne trouvez-vous pas toute cette conduite bien raisonnable, et la menace, et la colère, et le retour, et la satisfaction ? Peut-on voir un plus beau fagotage ? Si vous aviez envie que tout cela fût vrai, vous seriez trop heureuse, car c’est comme si vous l’aviez entendu.

Adieu, ma très-chère et très-aimable, je vous embrasse mille fois avec une tendresse qui ne se peut représenter.

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438. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 30e août.

Je prends la résolution de partir le 4 du mois prochain : je vais droit à Orléans ; j’y trouverai M. d’Harouys, et nous nous y embarquerons dimanche, après la messe. Je vous écrirai encore mercredi avant mon départ ; je serai quelque temps à Nantes, et puis aux Rochers. Mon retour est assuré, si je suis en vie, pour le mois de novembre. J’ai un grand regret à notre commerce, qui va