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dans la Revue belge. À peine nos ancêtres avaient-ils conquis l’indépendance, qu’ils s’étaient mis à chercher dans l’histoire les titres de noblesse de leur nationalité. D’autre part, on avait décidé d’élever des statues aux « Belges illustres » qui, par leur courage, leur vertu ou leur talent, honorèrent la patrie. Les Belges illustres étaient nombreux. Auquel d’entre eux écherrait d’abord cet honneur ? On faisait diverses propositions ; Weustenraad, poète démocrate, raconta[1] la mort héroïque du doyen des chaisiers de Bruxelles, un de ceux qui, d’après lui, en étaient les plus dignes.

En même temps qu’ils ouvraient leurs annales, les Belges commençaient l’exploration de leur pays, qu’ils connaissaient mal. Leur patriotisme trouva ici un adjuvant dans le romantisme, qui avait pénétré en Belgique au moment où triomphait la Révolution. Successivement, ils visitaient les bords de la Meuse, encore à demi vagabonde, remontaient le cours de ses sauvages affluents, s’aventuraient dans la mystérieuse Ardenne… Ce serait une tâche tentante, pour un chercheur doublé d’un poète, que de raconter la découverte de l’Ardenne par nos artistes et nos écrivains. En général, les Belges de 1835 aimaient les paysages moins pour leur beauté propre que pour les événements dont ils avaient été le théâtre. Leurs descriptions ne sortent guère du vague ou

  1. Revue belge 1835, tome S, p. 145-159.