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dit Weustenraad, a conquis son indépendance politique en 1830 ; il est temps qu’elle conquière également son indépendance littéraire… Il y a un préjugé répandu, même en Belgique, sur l’incapacité littéraire des Belges. Ils seraient réduits à piller les idées d’autrui, à contrefaire les livres qui viennent de l’étranger. Si la littérature est « l’expression de la société », la Belgique peut avoir une littérature aussi bien que la France, l’Allemagne ou l’Angleterre, et que tout pays 1° instruit, 2° doué d’une langue souple et savante, 3° dont les institutions et les mœurs portent le cachet d’une individualité nationale. Or la Belgique réunit ces trois conditions ; elle est un des pays les plus instruits ; sa langue est le français ; elle est douée de la nationalité tant dans la vie publique que dans la vie privée… » J’abrège. Mais je souligne l’assertion de ce Maestrichtois, de ce patriote belge, pour qui la langue littéraire de la Belgique est le français.

Sa gallomanie, il est vrai, ne va pas au delà. Weustenraad n’a rien de ce qu’on appelle en Belgique un « fransquillon ». Il entend n’emprunter aux Français que leur langue et repousse tout le reste. Cette « indépendance littéraire » dont il nous parle, c’est surtout contre la France, on le devine, qu’il importe de la défendre, parce que la France, en vertu de la similitude de langue, est le pays dont nous subissons le plus l’influence. À cet égard, ses affir-