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tracé de son ami un portrait d’autant plus intéressant qu’il paraît peu flatté. Il insiste sur son indépendance d’humeur et sa mobilité d’esprit ; il nous le montre prompt à s’enthousiasmer, prompt à oublier ce qui l’enthousiasmait, du reste assez intelligent pour reconnaître son erreur et même pour rire le premier d’un article où on le malmène, si cet article lui paraît tapé, (ce fut le cas pour certain compte-rendu des Chants de réveil) ; « adorant, sans transition, les choses et les hommes auxquels il venait de jeter l’anathème, riant aux larmes à un bon mot, pleurant, l’instant d’après, au récit d’une belle action, vacillant dans ses opinions politiques même : saint-simonien, libéral exclusif, modéré, puis assistant aux réunions du parti catholique ; et toujours de bonne foi et toujours heureux de se laisser aller à ses impressions, sans arrière-pensée, sans jamais se demander compte de la cause de ses sensations, de ses revirements… », fantasque et capricieux, « faisant succéder à de véritables enfantillages la lecture d’un hymme ». « Singulière organisation », dit le grave Jaminé, que cette nature de poète et d’artiste semble avoir plus d’une fois ahuri, dérouté et scandalisé ; à l’en croire, Weustenraad aurait même montré quelque imprévoyance dans la gestion de ses intérêts. C’est du moins ce qu’il laisse entendre, dans son style incorrect et prudhommesque : « Quoique ses besoins fussent bornés, sa position exigeait une amélioration. Là où un homme ordi-