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Namur. » « Ta place, dit-il, n’est pas dans cette Thébaïde, où tu te trouverais en dehors de tout courant d’affaires, de tout mouvement intellectuel… Note que tu perds beaucoups de chances pour l’amélioration future de ta position et que tu semblerais obéir à un sentiment de découragement peu digne de ta force d’âme habituelle. »

Mais le poète s’entête, comme un enfant boudeur. On peut lire au verso de la lettre résumée ci-dessus le brouillon de la réponse qu’il y fît. Cet écrit jette un jour singulier dans l’âme du poète à la fin de sa vie, même si l’on y fait à la mauvaise humeur du candidat évincé la part qui semble lui revenir. Ses enthousiasmes sont tombés, son énergie est brisée, il éprouve un désenchantement, un découragement, une atonie, qui étonnent chez un tel homme et qui s’expliqueraient peut-être en partie par son état de santé, assez mauvais en ce temps-là.

» Mon projet de m’établir définitivement à Namur a rencontré, dit-il, de vives objections de la part de mes amis. Je les ai parées toutes, et, malgré le fondement de quelques-unes d’entre elles, je persiste dans le parti que j’ai pris. Tant que je resterai auditeur militaire, je ne retournerai plus à Bruxelles. Cette situation pourra se prolonger très longtemps encore ; je n’attends rien pour moi du