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Vers la fin, l’œuvre sort des généralités lyriques : Weustenraad y exprime un désir ou du moins un souhait précis, qui est de pouvoir un jour se délasser, dans une calme retraite champêtre, de sa lourde besogne de journaliste :

Là tu pourras du moins, dans un silence austère,
Oublier pour un jour les luttes de la terre…

Et il rêve de l’heure bénie où, renonçant enfin au journalisme, il se consacrera exclusivement à la poésie.

Je n’irai plus, alors, planter mon étendard

Au milieu du combat de tant de vains systèmes

Qui luttent, pour une ombre, au milieu d’un brouillard…

Il faut noter le caractère grave, religieux, chrétien, des strophes finales. Ce sont vraiment de nobles vers que ceux où le poète évoque la maison champêtre, asile souhaité de ses derniers jours :

Pour abriter, plus tard, les jours que Dieu t’accorde,

Pour lui dresser dans l’ombre un humble et chaste autel,
Pour voir fleurir longtemps la paix et la concorde
xxxxxAutour d’un foyer fraternel ;
Pour attendre, en priant, l’heure de délivrance
Où tu retourneras, sous l’œil d’un saint pasteur,
Rendre compte à ce Dieu de tes jours de souffrance,
xxxxxEt de tes instants de bonheur,
Ô Muse ! enseigne-moi quelque toit solitaire

Dont jamais un écho n’ait trahi le mystère…

La même fatigue, le même dégoût, la même aspira-