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Cette strophe me paraît bien caractéristique, dans sa religiosité. D’abord il est curieux que les grandes réformes attendues soient présentées comme l’ouvrage d’un homme providentiel, d’une sorte de messie ; on remarquera en outre que cette régénération du monde doit s’effectuer au moyen de l’agriculture, de la presse et des chemins de fer. N’y a-t-il pas dans ces rêveries beaucoup de saint-simonisme et même de fouriérisme, peut-être inconscient ? « La verge du Prophète et la palme du Rédempteur » ne sont pas pour me donner tort, à ce qu’il semble.

Quoi qu’il en soit, une exaltation, une espérance, une allégresse magnifiques emplissent les strophes où Weustenraad évoque par anticipation la venue de ce Messie. L’ensemble est d’un mouvement superbe et quelques passages sont dignes des grands lyriques. Comme le poète belge n’a rien produit de supérieur à ces strophes finales de l’Avenir, malgré bien des faiblesses de détail et des rimes pauvres, je les reproduirai presque en entier.

Il viendra, l’Élu de la terre,
Il viendra, l’Élu du Seigneur ;
L’Olympe entendra le Calvaire
Saluer le Libérateur.
Nouvelle Isis législatrice,
Ils verront un jour sa justice
S’asseoir entre leurs deux sommets ;
Mais loin d’étouffer ses oracles,
Loin de renier ses miracles,
Ils rediront ses saints décrets.