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Si la discorde a cessé de diviser les nations, elle menace d’éclater entre les classes sociales. À défaut de la guerre, nous aurons l’anarchie. Des iniquités se perpétuent dans le sein des états : la misère, la souffrance, l’oppression continuent à affliger l’humanité, alors que le bonheur, la paix, la concorde règnent partout ailleurs dans la nature. (L’assertion est contestable, mais passons.)

L’homme, Roi détrôné, connaît seul la misère !

Seul il semble être né pour combattre et souffrir,
Seul, de son indigence il attriste la terre,

Debout sur des trésors dont il ne peut jouir.

Qui débrouillera ce chaos ? À quel héros est-il réservé d’établir enfin l’harmonie parmi les hommes ? Bien des sages, des penseurs ou des rêveurs s’y sont essayés sans succès, Saint-Simon et Fourier en dernier lieu. Cette grande œuvre qu’ils ont voulu accomplir par la douceur, un autre la réalisera-t-il par la violence ? La fusion des classes sera-t-elle consommée dans le sang par le glaive d’un nouveau Spartacus ? À Dieu ne plaise ! Cette révolution doit être pacifique, elle doit être l’œuvre de l’amour :

Pour mettre un pied vainqueur sur le cratère en flamme,

Fermer le gouffre ardent des révolutions,
Il faut qu’il vienne un Homme, élevé par la Femme,
Qui porte dans son sein le cœur des nations,

Qui, du globe soumis achevant la conquête
Par le Soc, par la Presse et par le Remorqueur,
Joigne au sceptre du Roi la verge du Prophète,

xxxxEt la palme du Rédempteur.