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morqueur est venu, selon lui, parfaire « l’œuvre des barricades », il est, avec la liberté de la presse, le don le plus précieux fait à la jeune nation.

Sois donc béni, géant, sois béni d’âge en âge,

Toi qui, pour nous sauver, vins achever l’ouvrage

xxxxxxCommencé par la liberté.

Le remorqueur a fait plus et mieux : il a contribué à établir l’union entre les citoyens. Il a réconcilié avec le nouveau régime un certain nombre de Belges qui regrettaient la domination hollandaise ; il a combattu victorieusement l’orangisme. Weustenraad se rencontre ici, volontairement ou non, avec son ami Ch. Rogier, qui, dans un éloquent discours prononcé à la Chambre pour la défense de son projet, avait dit ces paroles : « C’est par de telles victoires qu’on égale et qu’on justifie d’anciens triomphes ; que l’on conquiert ce qu’il peut rester de Belges hostiles ou même indifférents à la Belgique ; que l’on fortifie le sentiment national ; que l’on obtient l’estime, la considération, les sympathies de l’étranger ; qu’une nation laisse des traces de son passage dans le monde et lègue à l’avenir un nom respecté. »[1]

Le succès du Remorqueur fut grand.[2] Plus d’un Belge dut éprouver, en lisant cette poésie vraiment

  1. Discailles, Charles Rogier, tome II, page 326.
  2. Il y eut au moins deux éditions en plaquette ; l’une à Liège, chez Oudard (in-8°, 22 p.), l’autre à Bruxelles, chez la veuve De Vroone (in-24°, 23 p.), toutes deux datées de 1842 ; et divers journaux, l’Indépendant entre autres, reproduisirent le poème.