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[i]PRÉLIMINAIRESa



J’ai vu la nature mal interprétée, j’ai vu l’homme livré à de funestes déviations : j’ai cru entendre la nature, j’ai desiré ramener l’homme. Je pouvois errer moi-même, 5 mais je sentois profondément qu’il pouvoit être modifié d’une manière meilleure. J’interrogeai ensuite mes besoins individuels ; je me demandai quel seroit l’emploi, l’occupation de ma vie ; je portai mes regards sur ce qui est donné aux mortels et sur ce que leurs desirs poursuivent 10 dans les mœurs et les climats opposés : je n’ai rien vu qui déjà ne fût indifférent à mon cœur, ni dans la possession des biens de la vie, ni dans la recherche des illusions [ij] difficiles ; j’ai trouvé que tout étoit vain, même la gloire et la volupté, et j’ai senti que ma vie m’étoit inutile. 15 Voyant qu’elle ne contenoit nul bien pour compenser ses douleurs, je l’ai seulement tolérée[A 1] comme un fardeau nécessaire. Il y a quatre[1][A 2]années, environ (j’en avois


[JM 1]

  1. Presque tout ce volume a été écrit l’an VI.
  1. A. toléré
  2. trois années
  1. C, Ire Rév., p. 3 sq. = lignes 2-47. — 2-7. Cependant la nature est interprétée d’une manière que quelques-uns ne sauroient adopter ; et l’homme est livré à des misères innombrables et consacrées. Il paroît que la société n’est point établie sur ses bases premières, et que la raison des choses humaines n’a pas été montrée à l’homme. * Celui qui interroge ses besoins individuels, qui se demande quel sera l’emploi — 8. sa vie, qui porte ses regards — 10-27. opposés, celui-là ne voit rien qui déjà ne soit