Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 1.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peine étions-nous descendus de voiture pour nous promener à pied, que nous appercevons un jeune homme en uniforme rouge brodé d’or, qui étoit évanoui au pied d’un arbre ; un domestique, aidé d’un paysan s’empressait autour de lui, et une espèce de charretier arriva, son chapeau plein d’eau pour la lui jeter sur le visage ; une petite charrete attelée d’un cheval et remplie de paille, formait le reste du tableau. Ma mère, tout émue d’un tel spectacle, tira aussitôt son flacon de sel d’Angleterre, et mon oncle le lui fit respirer. Le jeune homme reprit ses sens, et nous regardant avec des yeux étonnés : où suis-je, dit-il, est-ce un rêve ? Il pouvait à peine parler, mais des regards touchans nous peignaient sa reconnaissance de nos soins, et une sorte de plaisir à nous voir. Le valet