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à madame de Montjustin que je voudrais être à sa place, pour jouir d’un bonheur aussi vif. Elle m’a répondu en m’embrassant, et a eu l’air de s’attendrir sur moi. Je ne saurais vous exprimer ce qui était dans ses regards, peut-être lui en demanderai-je quelque jour l’explication. Le Marquis est heureux dans les personnes de son ami et de sa cousine. Je crois qu’il les regarde aussi avec la même envie que moi ; car son ame est sensible et je vous avouerai que je n’ai trouvé que lui qui m’ait parlé sentiment d’une manière attachante et vraie. La plupart des hommes cherchent à montrer de l’esprit lorsqu’ils en parlent, ou bien s’expriment avec une chaleur exagérée. On voit que ce que dit le Marquis part de l’ame, et on le croirait profondément sensible au seul son de sa voix, à la