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un cou flexible. Ensuite, elle a produit sur la scène les signes, au nombre de six pendant le jour, de six pendant la nuit. Point de partie d'elle-même, qu'elle n'ait déployée. C'est que, par le moyen des objets qu'elle avait offerts à la vue, elle voulait encore faire désirer les autres. En effet, nous ne voyons pas tous les objets, nous ne les voyons pas aussi grands qu'ils le sont ; mais notre regard se fraie le chemin en suivant des traces, et jette les fondements de la vérité, afin que la recherche passe de ce qui est découvert à ce qui reste obscur, et trouve quelque chose de plus ancien que le monde lui-même.

D'où ces astres sont-ils sortis? quel fut l'état de l'univers; avant que les êtres allassent, chacun de leur côté, constituer des parties diverses? quelle raison sépara les choses plongées dans la confusion ? qui leur assigna des places? est-ce d'eux-mêmes et naturellement, que les corps pesants sont descendus, que les corps légers ont pris l'essor pour s'envoler? ou bien, malgré la tendance et le poids des corps, quelque force plus relevée leur a-t-elle fait la loi? ou bien, est-il vrai, ce qui prouve le mieux que l'homme est animé d'un esprit divin, est-il vrai qu'une partie et comme quelques étincelles du feu sacré aient jailli pour tomber sur la terre, et se soient fixées en un lieu étranger ?

Notre pensée force les remparts du ciel et ne se contente pas de savoir ce qui lui est montré. Ce que je scrute, dit-elle, c'est ce qui se trouve au delà du monde ? Est-ce une étendue infinie, ou bien, cela même est-il enfermé dans ses bornes? Quel aspect ont les choses du dehors? sont-elles informes, confuses, ou bien, occupent-elles un même espace dans toutes leurs dimensions, ou bien, sont-elles aussi disposées symétriquement pour une certaine élégance ? tiennent-elles à ce monde, ou