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dans le cirque, des lions en liberté, tandis qu’auparavant ils étaient attachés, et que le roi Bocchus envoya des archers pour les tuer. Eh bien ! passe encore pour cela. Mais que Pompée ait donné le premier au peuple un combat de dix-huit éléphants, contre des malfaiteurs ; quel avantage peut-on tirer de la connaissance de ce fait ? Le premier citoyen de Rome, que son extrême bonté a fait comparer à nos anciens héros, crut donner un spectacle mémorable en inventant un nouveau moyen de faire périr les hommes. Ils combattent, c’est peu ; ils sont criblés de coups, ce n’est point encore assez : il faut, de plus, qu’ils soient écrasés par l’énorme masse des éléphants.

(7) Mieux valait laisser de pareilles actions dans l’oubli, pour empêcher que quelque homme puissant ne les connût dans la suite, et n’enchérît sur ces actes que réprouve l’humanité. Ô quelles profondes ténèbres répand dans l’esprit des mortels une grande prospérité ! Pompée se croyait au-dessus de la nature, lorsqu’il exposait tant d’infortunés à la fureur des bêtes féroces, nées sous un autre ciel ; lorsqu’il mettait aux prises des combattants de forces si disproportionnées, et versait des flots de sang sous les yeux du peuple romain, qu’il devait bientôt forcer d’en répandre davantage. Plus tard ce même homme, victime d’une affreuse perfidie de la part des Alexandrins, présenta sa tête au fer du dernier des esclaves, et comprit alors sans doute le vain étalage de son surnom.

(8) Mais pour revenir au sujet dont je me suis écarté, je vais encore exposer les inutiles efforts de quelques hommes sur des objets différents. Le même savant racontait que Metellus,