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pas, celui-là est chéri, défendu et révéré par Lous ses sujets. On parle de lui dans l’intimité comme on en parle publiquement : sous son règne on souhaite d’être père, et on voit cesser la stérilité, ce fléau public. On croit bien mériter de ses enfants en leur donnant la vie dans un siècle aussi heureux. Un tel monarque trouve sa sûreté dans ses bienfaits ; il n’a pas besoin de garde : les armes ne sont pour lui qu’un ornement.

XIV. Quel est donc le devoir d’un roi ? Celui d’un bon père qui réprimande ses enfants, tantôt avec douceur, tantôt avec des paroles menaçantes, et qui quelquefois aussi les corrige en les frappant. Quel est l’homme, jouissant de sa raison, qui déshérite son fils dès la première offense ? Des torts graves et multipliés ont-ils vaincu sa patience ; le mal qu’il redoute est-il plus grand que celui qu’il punit, alors seulement il se décide à prononcer cette terrible sentence. Il tente auparavant tous les moyens pour ramener au bien un caractère pncore indécis, ou même inclinant déjà vers le vice ; il attend, pour recourir à de telles extrémités, que tout soit désespéré : il n’infügece châtiment qu’après avoir épuisé tous les râgèdes.

Le devoir d’un père est aussi le devoir dûlMnno&<jue nous appelons Père de la patrie ; car ce n’est pas par ürtfeJne flatterie que nous lui avons conféré ce nom : il n’a reçuËqpuitres que par honneur. Quand nous qualifions nos empereurs de Grands, d’Heureux, d’Augustes, quand nous prodiguons à leur orgu^puse majesté tout cet assemblage de titres que notre imagfïtation a pu nous fournir, c’est pour eux-mêmes que nous leur payons ce tribut ; mais lorsque nous nommons un prince Père de la patrie, c’est afin qu’il sache que l’autorité qui lui a été conférée est toute paternelle, c’est-à-dire pleine de modé-