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celles de ses ennemis, après les autels de Pérouse et les proscriptions. Je n’appelle pas clémence la cruauté fatiguée : la vraie clémence, César, c’est celle qu’on^bit en vous, celle qui n’a pas sa source dans le repentir dl® conduite barbare, celle qui consiste à être sans tache, a ri avÔir jamais versé le sang des citoyens. La modération véritable au milieu.d’une grande puissance, cette source de l’amour que vous porte le genre humain, que vous a voué la patrie, consiste à ne se laisser ni enflammer par les passions, ni entraîner par la témérité ; à ne pas suivre le pernicieux exemple de vos prédécesseurs, en essayant jusqu’à quel point on peut accabler ses sujets ; mais au contraire à émousser le glaive du pouvoir.

Rome vous doit de n’être plus ensanglantée ; ët cette gloire dont votre âme généreuse aime à parler, cette gloire de riavoir pas répandu dans le monde entier une seule goutte[ de sang, est d’autant plus grande, d’autant plus admirable, que jamais le glaive ne fut confié à de plus jeûnes mains. La clémence, je le répète, ne fait pas seulement l’honneur, mais encore la sûreté du prince ; elle est à la fois l’ornement et l’appui le plus certain du trône. Pourquoi, en effet, voit-on les bons rois vieillir et transmettre la couronne à leurs fils et àlgurs petits-tils, tandis que le règne des tyrans est aussi .poujffpu’exécrable ? Et la différence qui existe entre un tyrafa^ï un roi (car extérieurement leur situation est semblable^t téuir puissance est la même) ne consiste-t-elle pas unic^m^^en ce que les tyrans versent le sang par plaisir, et ^^|^§eulement pour de justes motifs et par nécessité ?

XII. « Quoi ! dira-t-on, les roii