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fit faute. Suivaient les deux préfets Justus Catonius etRufus, fils de Pompée ; puis ses amis Saturnius Luscius, et Pedo Pompeius, et Lupus, et Celer Asinius, consulaires ; enfin la fille de son frère, la fille de sa sœur, son gendre, son beau-père, sa belle-mère, et presque tous ses parents. Toute cette troupe accourt au-devant de Claude, qui, dès qu’il les volt, s’écrie : « Tous les lieux sont pleins de mes amis ! Par quel hasard êtes-vous ici ? »

Alors Pedo Pompeius prenant la parole : « Qu’oses-tu dire, ô le plus cruel des hommes ? Par quel hasard ? Et personne autre ne nous y a envoyés que toi, bourreau de tous tes amis ! Mais allons devant le juge, je vais t’en montrer le chemin. »

XIV. Il le conduit au tribunal d’Éaque. C’était lui qui avait charge d’informer en vertu de la loi Cornelia portée contre les meurtriers. Pedo requiert que son nom soit inscrit, et signe l’acte d’accusation énonçant le meurtre de trente sénateurs, de trois cent quinze chevaliers romains et plus, outre les simples citoyens dont le nombre égaie celui des sables de la mer. Claude, tout épouvanté, tourne les yeux de tous côtés pour trouver un avocat qui se charge de sa cause. Personne qui se présente pour lui. Enfin s’avance P. Petronius, son ancien convive, homme éloquent à la manière de Claude. Il demande à être admis à le défendre. Néant à sa requête : Pedo Pompeius l’accuse à grands cris. Petronius se met en devoir de répondre. Éaque, en homme souverainement juste, l’en empêche. Ouï seulement une seule partie, il condamne, et dit :

Il est de toute justice qu’il souffre à son tour ce qu’il a fait souffrir aux autres.