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qui obéit à des lois constantes et éternelles, qui voit les corps célestes accomplir leurs infatigables révolutions. Là vous verrez des étoiles sans nombre, et cet astre merveilleux qui seul remplit tout l’espace, ce soleil, dont la course quotidienne fait les jours et les nuits, et qui, dans sa marche annuelle, partage également les étés et les hivers. Vous verrez le flambeau des nuits lui succéder, tempérer et amortir, en les empruntant, les rayons de son frère, tantôt se dérober aux yeux, tantôt dévoiler tout entier son orbe suspendu sur nous, croissant, décroissant tour à tour, et toujours autre le lendemain que la veille. Vous verrez cinq planètes suivre des routes diverses, et rebrousser le cours qui emporte le reste du ciel. De leurs moindres mouvements dépend la destinée des peuples ; les plus grands comme les plus petits événements en subissent l’influence maligne ou heureuse. Vous admirerez la formation des nuages, l’eau qui retombe en pluies, le vol oblique de la foudre et le fracas des cieux.

Quand, rassasiés de ces hauts spectacles, vos yeux s’abaisseront sur la terre, ils trouveront un ordre de choses différent, une autre série de merveilles. Des plaines immenses, de rases campagnes qui se prolongent à l’infini ; des chaînes de montagnes dont la cime neigeuse se perd dans les nues ; tant de rivières tombant dans un seul bassin : des fleuves qui, partis d’une même source, vont couler, les uns à l’orient, les autres à l’occident ; ces forêts couronnées d’une ondoyante verdure, toutes peuplées de leurs animaux, égayées par les chants de mille oiseaux divers ; la situation si variée des villes, les nations séparées par la difficulté des lieux : les unes retirées sur des hauteurs presque inaccessibles, les autres disséminées le long