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LIVRE II.

pas. La foudre qu’on nomme perpétuelle est également déterminée ; elle répond aussi à un jour fixe ; elle ne cesse pas d’être déterminée par cela seul qu’elle s’applique à un temps plus long. Celle qui semble prorogée est déterminée tout de même ; car, du propre aveu de ceux que je combats, on sait jusqu’où on peut obtenir d’en reculer l’effet. Le délai, selon eux, est de dix ans seulement pour les foudres particulières, de trente ans pour les foudres publiques. Ces sortes de foudres sont donc déterminées en ce qu’elles portent avec elles le terme de leur prorogation. Ainsi toutes les foudres et tous les événements ont leur jour marqué ; car l’incertain ne comporte pas de limites. Quant à l’observation des éclairs, le système est sans liaison et trop vague. On pourrait suivre cependant la division du philosophe Attalus, qui s’était attaché à ce point de doctrine, et noter le lieu de l’apparition, le temps, la personne, la circonstance, la qualité, la quantité Si je voulais traiter à part chacun de ces détails, je m’engagerais dans une œuvre sans fin.

XLIX. Parlons ici sommairement des noms que Cæcinna donne aux foudres, et énonçons là-dessus notre pensée. Il y a, dit-il, les postulatoires, qui exigent qu’un sacrifice interrompu ou fait contre les règles soit recommencé ; les monitoires, qui indiquent les choses dont il faut se garder ; les pestifères, qui présagent la mort ou l’exil ; les fallacieuses, qui sous apparence du bien font du mal : elles donneront un consulat funeste à qui doit le gérer, un héritage dont la possession sera chèrement payée ; les déprécatives, qui annoncent un péril, lequel ne se réalise pas ; les péremptales, qui neutralisent les menaces d’autres foudres ; les attestantes, qui confirment des menaces antérieures, les atterranées, qui éclatent sur un lieu clos ; les ensevelies, qui frappent un lieu déjà foudroyé et non purifié par des expiations ; les royales, qui tombent sur le forum[1], dans les comices, dans les lieux où s’exerce la souveraineté d’une cité libre qu’elles menacent de la royauté ; les infernales, dont les feux s’élancent de la terre ; les hospitalières, qui appellent, ou, pour me servir de l’expression plus respectueuse qu’on emploie, qui invitent Jupiter à nos sacrifices, lequel Jupiter, s’il est irrité contre celui qui les offre, n’arrive pas, dit Cæcinna, sans grand péril pour les invitants ; enfin, les auxiliaires, invoquées sans doute, mais portant bonheur à qui les invoque.

  1. Les Mss. portent : quum eorum tangitur dont on a fait : cuorum vi tangitur. Je crois devoir lire : quum forum tangitur.