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SUR LA CLÉMENCE

Toujours dans mes conseils courageux et sincère,
Je crains de vous flatter et non de vous déplaire. (Corneille-)

Et quod nunc ratio est, impetus ante fuit. (Ovid.)

La vertu, qui n’est pas d’un facile exercice,
C’est la persévérance après le sacrifice ;
C’est, quand le premier feu s’est lentement éteint,
La résolution qui survit à l’instinct.

(Ponsard, l’Honn. et l’Arg.)

47. Voir de la Colère, I, xiii. Vers attribué à Euripide et que Tibère avait souvent à la bouche. Comme on citait ce vers devant Néron, il ajouta : « Et même de mon vivant) » (Suét., Nér., xxxviii.)

48. Ce paradoxe des stoïciens, qui découlait de leur fière doctrine de l’impassibilité, est l’un de ceux qui répugnent le plus à notre raison, car ôter la pitié du cœur des hommes, a dit Phocion, c’est ôter les autels du milieu de la cité. Heureusement que les stoïciens dérogeaient à leur système dans la pratique, et même, comme on va le voir plus bas, recommandaient vivement les actes qu’inspire la pitié.

49. « Je crois qu’il faut tout faire pour le soulagement d’une personne affligée, jusqu’à lui témoigner même beaucoup de compassion… mais il faut se contenter d’en témoigner et se garder soigneusement d’en avoir. C’est une passion qui n’est bonne à rien au dedans d’une âme bien faite, qui ne sert qu’à affaiblir le cœur, et qu’on doit laisser au peuple, qui, n’exécutant jamais rien par raison, a besoin de passions pour le porter à faire les choses. » (Portrait de la Rochefoucauld par lui-même.)

50. Dum spectant oculi læsos læduntur et ipsi. (Ovid., Amor., II.)

51. Ce tableau du stoïcisme qui secourt la misère sans se livrer à la pitié rappelle ce passage de Chateaubriand : « Équitable et moral, le protestantisme est exact dans ses devoirs, mais sa bonté tient plus de la raison que de la tendresse ; il vêtit celui qui est nu, il ne le réchauffe pas. dans son sein ; il ouvre des asiles à la misère, il ne vit pas et ne pleure pas avec elle dans ses réduits les plus abjects ; il soulage l’infortune, il n’y compatit pas.» (Analyse. de l’hist. Franç. 1er.)