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diction de lui administrer le fouet, et comme c’est le meilleur moyen d’éducation, je l’emploierai souvent… Et pourtant… »

Charles lisait toujours pendant que sa cousine réfléchissait au lieu d’écouter ; au moment où sa voix fatiguée commençait à faiblir, il fut interrompu par le juge de paix.

« Peut-on entrer, Madame Mac’Miche ? Êtes-vous visible ?

— Toujours pour vous, Monsieur le juge. Très flattée de votre visite. Charles, donne un fauteuil à M. le juge. »

Charles se leva, ne put retenir un geste de douleur et un aïe ! étouffé.

« Qu’as-tu donc, mon ami ? tu marches péniblement comme si tu souffrais de quelque part », lui dit le juge.

Mme Mac’Miche devint pourpre, s’agita sur son fauteuil, et dit à Charles de se dépêcher et de s’en aller.

Mais Charles, qui n’était pas encore passé à l’état de douceur et de charité parfaite que lui prêchait Juliette, ne fut pas fâché d’avoir l’occasion de révéler au juge les mauvais traitements de sa cousine.

charles.

Je crois bien, Monsieur le juge, que je souffre ; ma cousine m’a tant battu avec la baguette que voilà près d’elle, que j’en suis tout meurtri.

— Madame Mac’Miche ! dit le juge avec sévérité.