Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tain que vous ne lui en accorderez pas un centime.

les témoins.

Monsieur le juge, c’est la pure vérité qu’il dit ; nous sommes tous témoins.

madame mac’miche.

Comment, malheureux, vous prenez parti contre moi, une compatriote, pour favoriser la scélératesse d’un étranger, d’un misérable, d’un brigand !

le juge.

Eh ! eh ! Madame Mac’Miche, vous allez me forcer à verbaliser contre vous. Restez tranquille, croyez-moi ; si quelqu’un a tort, c’est vous, qui avez injurié et frappé la première ; et si vous intentiez un procès, c’est vous qui payeriez l’amende, et non pas cet homme, qui me fait l’effet d’être un brave homme, quoique un peu prompt, comme il le dit. Je n’ai plus rien à faire ; je me retire et je viendrai tantôt savoir de vos nouvelles et vous dire deux mots. »

Avant que Mme Mac’Miche fût revenue de sa surprise et eût pris le temps de riposter au juge de paix, celui-ci s’était empressé de disparaître ; le charretier et l’escorte le suivirent, et Mme Mac’Miche resta seule avec Betty, qui riait sous cape et qui était assez satisfaite de l’échec subi par cette maîtresse violente, injuste et exigeante. À sa grande surprise, Mme Mac’Miche resta immobile et sans parole ; Betty lui demanda si elle voulait monter dans sa chambre ; elle se leva, repoussa Betty qui lui offrait le bras, monta lestement l’es-