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le juge.

Allons, courage ! Dites vite, c’est le meilleur moyen.

m. turnip, avec résolution.

Eh bien, voilà ! Charles plaît à ma fille ; Mlle Juliette lui fait peur. Ma fille a demandé qu’on séparât Juliette de Charles ; ce dernier n’a pas voulu, et je comprends ; on ne savait où la mettre convenablement. Je viens trancher la difficulté ; je vous la demande en mariage, et je vous promets de la rendre heureuse ; de cette façon, Lucy n’en sera plus jalouse, et Charles aura toute sa liberté. »

Le juge avait écouté avec une surprise toujours croissante. Quand M. Turnip eut fini son discours, le juge ne put retenir un éclat de rire qui déconcerta plus encore le père dévoué.

le juge, souriant.

Mon cher Monsieur, votre moyen n’est pas praticable, par la raison que Juliette est fiancée et doit se marier dans neuf jours.

m. turnip.

Parfait parfait ! Tout est arrangé alors ! Du moment que Juliette disparaît, ma fille consent.

le juge.

Très bien ! Mais il y a une autre difficulté : c’est que Charles aussi va se marier dans neuf jours, et qu’il épouse tout juste Juliette. »

Ce fut au tour de M. Turnip d’être ébahi. Troublé, ému, honteux, il balbutia quelques excuses et sortit. Son entrevue avec sa fille dut être fort ora-