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le juge.

Dis mon frère tout de suite, parbleu ! Je le suis de cœur depuis longtemps, et je vais l’être dans huit jours de par la loi. »

Charles serra la main de son frère futur et alla chercher à la cuisine un supplément de café, de lait et de pain. Ils déjeunèrent tous gaiement, car tous étaient heureux.

Quand il fut dix heures, le juge et sa femme embrassèrent les jeunes futurs et retournèrent chez eux. Le juge attendait M. Turnip, qui lui avait demandé la veille une audience pour le lendemain à dix heures et demie.

« Que diantre a-t-il à me dire ? dit-il à Marianne. Je lui ai nettement signifié de ne plus compter sur Charles ; il ne va pas me le redemander, je suppose.

marianne.

Non, c’est sans doute pour quelque travail aux frais des habitants.

le juge.

Je n’en connais aucun ; il ne s’en fait pas sans que je le sache et que je l’ordonne. »

Quoi qu’il en fût, M. Turnip arriva. Quand il se trouva en face du juge, il parut si embarrassé, si gêné, que le juge, fort surpris d’abord, le prit en pitié.

« Qu’y a-t-il, mon bon monsieur Turnip ? Vous ferais-je peur par hasard ?

m. turnip.

C’est que j’ai à vous faire une demande si singulière, que je ne sais comment m’y prendre.