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dedans depuis deux jours, parce que les nuits sont encore un peu froides. Il faut que je leur fasse leur litière pour la nuit, et voilà le jour qui s’avance !

charles.

Vous savez bien que ce n’est pas moi qui ai cette clef. Je l’avais, il est vrai, mais vous ou Betty vous me l’avez prise.

donald.

Ah ! Betty, je n’en sais rien ; mais moi ! pourquoi que je vous la demanderais si je l’avais ?

charles.

Pour me faire enrager ! Parce que vous voulez tout accaparer pour vous et pour vos bêtes, tandis que moi, qui suis le maître, je suis obligé d’avoir mes lapins dans une vieille caisse ; et comme vous êtes jaloux de les voir bien logés dans l’écurie, vous m’avez repris la clef dans ma chambre, et vous faites semblant de ne pas la trouver. Mais je ne suis pas votre dupe, et je trouve fort impertinent de me jouer des tours pareils.

donald.

Sapristi ! Monsieur Charles, si vous étiez mon garçon, je vous donnerais du poing dans la figure, pour vous apprendre à avoir de telles idées sur un honnête homme comme moi. C’est-y là votre profit ? C’est-y moi qui empoche l’argent que je retire de vos terres ? Et c’est-y pour moi que je cours depuis une demi-heure après vous, pour avoir cette satanée clef que vous me refusez ? Allez, Monsieur Charles ! ce que vous faites là, c’est ingrat, c’est malin. Et si n’était que de moi,