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apprenait quelque chose de nouveau à Charles ; Marianne devenait une vraie fermière ; Betty ne parlait que de basse-cour, volailles et laiterie. Chaque fois qu’on parlait cochons devant elle, un soupir profond s’exhalait de sa poitrine.

« Ah ! disait-elle, si Charles n’avait pas tué cette jolie truie que Donald avait obtenue avec tant de peine à la ferme Cedwin, quelles belles bêtes nous aurions ! que de petits cochons nous aurions déjà vendus ! Nous ne réparerons jamais cette perte-là… Tu n’as pas besoin de rire, Charles ! continua-t-elle d’un air indigné. En tuant cette truie, tu as perdu une fortune.

charles.

Mais ce n’est pas ma faute si elle est morte, Betty ! Tu me dis toujours que je l’ai tuée !

betty.

Et qui donc ? Serait-ce moi, par hasard ? Vas-tu en accuser Donald à présent ? Ce pauvre Donald ! l’a-t-il assez pleurée, la pauvre bête ! »

Juliette faisait un signe à Charles, et Charles ne répondait pas ; il laissait tomber l’orage ; mais ce reproche revenait souvent, et souvent Charles dut appeler à son secours toute la force de sa volonté pour ne pas se mettre en colère.

Ils s’étaient tous transportés à la ferme depuis quelque temps, à la grande satisfaction de Charles et de Juliette, dont le seul ennui était les reproches un peu aigres de Betty, toujours au sujet de la truie.

Un jour qu’elle avait été plus tenace que d’ha-