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te l’expliquera et il te préparera à faire ta première communion.

charles.

Je suis bien aise que tu m’en parles, Juliette. Depuis quelques semaines j’y pense souvent, et je regrette d’être si peu avancé. Dès demain j’irai en parler à M. le curé, en sortant de l’école.

juliette.

Te voilà devenu tout à fait raisonnable, mon bon Charles ; depuis la toilette de Minet, tu n’as pas fait une seule sottise.

charles.

Il y a bientôt six semaines !

juliette.

J’espère que tu pourras en dire autant dans six mois, et que tu ne te feras plus jamais gronder.

charles.

Pas par toi, toujours. Quand tu me grondes, je suis malheureux ! Vrai ! plus malheureux que chez la cousine Mac’Miche, parce que chez elle c’était le corps seul qui souffrait, et ici c’est le cœur ; et j’aimerais mieux être battu par elle que grondé par toi.

juliette, souriant.

Et pourtant je ne te gronde pas bien fort ni bien longtemps.

charles.

Et c’est précisément pour cela ; ta douceur me touche ; ta facilité à pardonner me rend plus sévère pour moi-même. Quand tu grondes, si je ne me retenais, je pleurerais comme une bête, et je t’embrasserais comme un enfant qui attend sa grâce.