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être avare ! de ne pas donner son superflu à ceux qui n’ont pas le nécessaire !

charles, mangeant.

Si jamais je deviens riche, je donnerai tout ce qui ne me sera pas absolument nécessaire.

juliette.

Et comment feras-tu pour reconnaître ce qui n’est pas absolument nécessaire ?

charles, mangeant.

Tiens ; ce n’est pas difficile ! Si j’ai une redingote, je n’ai pas besoin d’en avoir une seconde ! Si j’ai une salle et une chambre, je n’ai pas besoin d’en avoir davantage. Si j’ai un dîner à ma faim, je n’ai pas besoin d’avoir dix autres plats pour me faire mourir d’indigestion. Et ainsi de tout.

juliette.

Tu as bien raison ! Si tous les riches faisaient comme tu dis, et si tous les pauvres voulaient bien travailler, il n’y aurait pas beaucoup de pauvres.

charles.

Marianne, à présent que nous sommes riches, vous n’irez plus en journée comme auparavant.

marianne.

Tout de même, mon ami ; n’avons-nous pas nos dettes à acquitter ? Et je ne veux pas les payer sur la fortune de mes parents, dont Juliette aura besoin si je viens à lui manquer. Encore cinq années de travail, et nous serons libérées.

charles.

Marianne je vous en prie, payez avec mon argent ! J’en ai bien plus qu’il ne nous en faut !