Page:Ségur - Un bon petit diable.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mettre Juliette en présence de Mme Mac’Miche, lui proposa de continuer leur promenade en dehors du bourg.

« Bien le bonjour, Madame, dit le charretier en entrant. C’est-y ça la bourgeoise qu’il faut ramener chez elle ? Qu’est-ce qu’elle a donc ? Elle est blanche comme un linceul. On dirait d’une morte !

betty.

Non, non, elle n’est pas morte, allez. Est-ce que les méchantes gens meurent comme ça ! Le bon Dieu les conserve pour leur donner le temps du repentir ; et puis pour la punition des vivants.

le charretier.

Voyons, faut-il que je l’emporte ?

betty.

Oui, si vous voulez bien ; elle n’est pas lourde, je pense ; elle vit d’air, par économie.

le charretier, riant.

Et si elle revient, et qu’il lui prenne envie de me battre, en répondez-vous ?

betty, riant aussi.

Oh ! moi, je ne réponds de rien ; c’est à vous à vous garer.

le charretier, de même.

Ah mais ! dites donc ! c’est que je ne voudrais pas sentir ses ongles sur ma peau ! Moi, d’abord je lâche, ni une ni deux ; au premier coup de poing je la fais rouler par terre !

betty.

Vous ferez comme vous voudrez ; ça vous regarde.