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parlait de ces cinquante mille francs ; cette lettre, m’avez-vous dit, était un tour infâme de votre petit cousin, Charles Mac’Lance. Je vous ai parlé d’une autre lettre que m’avait adressée ce pauvre garçon ; il me dépeignait sa lamentable situation, et il me reparlait de cette somme dont M. le juge de paix, disait-il, avait connaissance. J’ai été touché de l’appel de ce pauvre orphelin, et je suis venu ici pour en causer avec vous, puis avec M. le peace-justice. Vous avez tout nié ; M. le peace-justice m’a tout démontré par des informations verbales, mais incontestables, et par un papier écrit de votre main. Vous avez, sans doute, ignoré jusqu’ici cette dernière circonstance, que je crois devoir vous révéler ; ce papier est le reçu écrit de votre main des cinquante mille francs de Charles, et remis à M. Mac’Lance père, lequel l’a mis dans un portefeuille qu’il a confié à des mains sûres ; ce document existe encore, nous l’avons vu, M. le peace-justice et moi. Et puis, Madame, à l’époque de la mort de M. Mac’Lance, décédé dans votre maison, j’ai reçu de vous, pour être placée en votre nom, la même somme de cinquante mille francs réclamée par Charles : comment justifierez-vous de la possession de cette somme ? »

Mme Mac’Miche, atterrée par ces témoignages accumulés, ne répondit pas : elle ne voyait ni n’entendait plus rien de ce qui se passait autour d’elle ; quand le juge lui demanda une dernière fois si elle voulait restituer à Charles le capital et les intérêts de la somme qui lui appartenait, ou bien