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la boue de la boisson. Et lui aussi joignit ses cris à ceux de ses domestiques.

Aussitôt l’expédition terminée, Charles avait prestement fermé la porte, tiré la clef, qu’il lança par-dessus les toits, et s’était dépêché de rentrer à l’étude, pour y reprendre sa place et son travail.

L’heure du souper était passée ; personne ne sonnait ; dans les études, à la cuisine, on s’étonnait, on s’impatientait ; enfin, mistress Old Nick, inquiète de ne pas entendre la cloche et de ne pas voir son mari, appela, chercha et entendit du bruit venant de la cave ; elle se dirigea de ce côté et entendit en effet un bruit formidable ; les trois prisonniers appelaient, criaient, battaient la porte, des poings et des pieds ; mistress Old Nick joignit ses cris à ceux de son mari et de ses compagnons d’infortune ; elle appela M. Old Nick junior, Betty, les maîtres, les élèves ; tous accoururent, et ce fut alors un vacarme épouvantable : les maîtres donnaient leur avis, les prisonniers demandaient leur délivrance, mistress Old Nick et Betty déploraient cette inconcevable aventure ; les élèves accusaient les fées, l’homme noir, et les invoquaient tour à tour. Après une demi-heure de vociférations, Charles eut l’heureuse et intelligente pensée de faire ouvrir la porte par un serrurier ; Old Nick junior courut en chercher un, et l’amena non sans difficulté, car il était tard ; la journée de travail était finie. Le serrurier eut beaucoup de peine à ouvrir ; la serrure était solide et il fallut la faire sauter ; enfin la porte céda,