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poing. Le chat sauta à la poitrine de Charles, qui le saisit à la gorge, maintint avec son genou la tête et le corps de son antagoniste, tira de sa poche une ficelle, qu’il attacha à la queue du chat après avoir attaché à l’autre bout une boule de papier ; puis il ouvrit la porte et lâcha l’animal, qui disparut en un clin d’œil, traînant après lui ce papier dont le bruit et les bonds lui causaient une frayeur épouvantable. Charles était rentré dans l’étude lorsque le chat s’y précipita à la suite d’un élève qui arrivait ; chacun tourna la tête à ce bruit. Le maître appela son favori, le délivra de son instrument de torture et promena un regard furieux et scrutateur sur tous les élèves ; mais il ne put découvrir aucun symptôme de culpabilité sur ces physionomies animées par la curiosité et par une satisfaction contenue. Tous avaient à se plaindre de la méchanceté de ce chat, et tous triomphaient de sa première défaite. Le maître interrogea les élèves et n’obtint que des réponses insignifiantes ; Charles parut innocent comme les autres ; son premier mot fut : « Pauvre bête ! comme c’est méchant ! » L’affaire resta donc à l’état de mystère, et le coupable demeura impuni.

C’était la première fois que chose pareille arrivait ; les élèves, plus fins que le surveillant, flairèrent le savoir-faire du nouveau venu, et lui accordèrent une part plus grande dans leur estime et leur confiance.

Il fallut pourtant que Charles commençât à travailler comme les autres. Le troisième jour, après