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cachetait la lettre et complétait ainsi le tour qu’il venait de jouer à sa cousine.

Quand le dîner fut prêt, Mme Mac’Miche refusa de descendre, de peur de se trouver en présence de Charles, qu’elle croyait toujours en rapport avec les fées. Betty eut beaucoup de peine à la rassurer et à lui persuader qu’elle n’aurait rien à craindre de Charles en ne le touchant pas et en ne se laissant pas toucher par lui. Ce dernier raisonnement convainquit Mme Mac’Miche ; quand elle entra, elle se hâta de jeter quelques gouttes d’eau de la fontaine des fées sur elle-même, et, en se mettant à table, elle en lança une si forte dose à la figure de Charles, qui ne s’attendait pas à cette aspersion, qu’il en fut aveuglé ; il fit un mouvement involontaire accompagné d’un « Ah ! » bien accentué.

madame mac’miche.

Tu vois, tu vois, Betty, l’effet de l’eau de fontaine sur ce protégé des fées.

charles.

Mais vous m’en avez jeté dans les yeux, ma cousine ! Comment voulez-vous que j’aie réprimé un premier mouvement de surprise ?

betty.

Mon Dieu oui ! Ce n’est pas l’eau des fées qui l’a fait tressaillir, c’est l’eau dans les yeux. »

Mme Mac’Miche ne dit plus rien ; elle se mit à table et mangea silencieusement, en ayant bien soin de ne laisser Charles toucher à aucun des objets dont elle faisait usage. Après dîner elle examina la physionomie de Charles ; elle n’aperçut