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M. de Gerville, après quelque hésitation, se leva et voulut poser Giselle à terre pour la renvoyer. Mais Giselle, s’accrochant à lui, l’embrassa, pleura, supplia tant et tant, qu’il finit par se rasseoir avec Giselle sur ses genoux.

léontine.

Giselle, tu as entendu ce que je t’ai dit. Sors, et va dans ta chambre.

giselle.

Papa, papa, au secours ! »

Léontine se leva, parla bas à son mari, prit Giselle qui commençait à s’effrayer de la fermeté de sa mère, l’entraîna loin de son père, et la mena jusque dans la chambre de sa bonne.

« Gardez cette méchante enfant, dit Léontine, et faites-la travailler… si vous pouvez », ajouta-t-elle à mi-voix.

Léontine rentra dans sa chambre ; son mari était triste et pensif. Léontine s’assit près de lui.

« Victor, lui dit-elle, vous avez fait comme moi, mon ami, vous avez faibli ; mais j’ai été soutenue, au moment où je faiblissais, par le souvenir de mon frère, de notre ami dévoué Tocambel, et de leurs sages conseils. Cher Victor, nous perdons notre pauvre Giselle par trop d’amour et de faiblesse nous préparons son malheur et le nôtre. Ô Victor, je t’en supplie, écoute-moi, aide-moi,