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tonneaux pour les saler, je vais te les apporter tous. »

Disant ces mots, la Grenouille s’enfonça dans l’eau ; Henri vit l’eau s’agiter et bouillonner comme s’il se livrait un grand combat au fond du fossé. Au bout d’une minute, la grenouille reparut et sauta sur le bord, où elle déposa un superbe saumon, qu’elle venait de pêcher avec ses pattes. À peine Henri avait-il eu le temps de saisir le saumon que la Grenouille reparut avec une carpe ; elle continua, ainsi pendant soixante jours. Henri cuisait les gros poissons, jetait les petits dans les tonneaux et les salait ; enfin, au bout de deux mois, la Grenouille sauta au bord du fossé et dit à Henri :

« Il ne reste plus un seul poisson dans le fossé, tu peux appeler le Chat de la montagne. »

Henri remercia vivement la Grenouille, qui lui tendit sa patte mouillée en signe d’amitié ; Henri la serra amicalement, et la Grenouille disparut.

Quand Henri eut rangé pendant quinze jours tous les poissons cuits et tous les tonneaux pleins de poissons salés, il appela le Chat, qui apparut tout de suite.

« Voici, Monseigneur, lui dit Henri, tous vos poissons cuits et salés. Veuillez tenir votre promesse et me faire passer à l’autre bord. »

Le Chat examina les poissons et les tonneaux, goûta un poisson cuit et un poisson salé, se lécha les lèvres, sourit et dit à Henri :

« Tu es un brave garçon ; je veux récompenser