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« Grand merci, mon brave Henri, je te le revaudrai ! »

Henri, qui avait déjà entendu parler le Corbeau et le Coq, ne s’étonna plus d’entendre parler la Grenouille et continua sa route.

Peu après il arriva au pied de la montagne mais il vit qu’il y avait une rivière large et profonde qui coulait au pied, si large qu’on voyait à peine l’autre bord.

Henri s’arrêta bien embarrassé. « Peut-être, se dit-il, trouverai-je un pont, ou un gué, ou un bateau. » Il se mit à longer la rivière, qui tournait tout autour de la montagne ; mais partout elle était large et profonde, et nulle part il n’y avait ni pont ni bateau. Le pauvre Henri s’assit en pleurant au bord de la rivière.

« Fée Bienfaisante, fée Bienfaisante, venez à mon secours ! s’écria-t-il. À quoi me sert de savoir qu’au haut de la montagne est une plante qui sauvera ma pauvre maman, si je ne puis y arriver ? »

Au même moment, le Coq qu’il avait protégé contre le Renard apparut au bord et lui dit :

« La fée Bienfaisante ne peut rien pour toi ; cette montagne est hors de sa puissance ; mais tu m’as sauvé la vie, je veux te témoigner ma reconnaissance. Monte sur mon dos, Henri, et, foi de Coq, je te mènerai à l’autre bord. »

Henri n’hésita pas ; il se lança sur le dos du Coq, s’attendant à tomber dans l’eau ; mais il ne fut même pas mouillé, car le Coq le reçut si habilement sur son dos, qu’il s’y trouva assis aussi soli-