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Et Blondine vit au détour du sentier un petit enclos, dont la porte lui fut ouverte par le Perroquet. Le terrain y était aride et pierreux : mais au milieu s’élevait majestueusement un magnifique rosier, avec une Rose plus belle que toutes les roses du monde.

« Prenez-la, Blondine, vous l’avez bien gagnée », dit le Perroquet.

Blondine saisit la branche, et, malgré les épines qui s’enfonçaient dans ses doigts, elle arracha la Rose.

À peine l’eut-elle dans sa main, qu’elle entendit un éclat de rire ; la Rose s’échappa de ses mains en lui criant :

« Merci, Blondine, de m’avoir délivrée de la prison où me retenait la puissance de Bonne-Biche. Je suis ton mauvais génie ; tu m’appartiens maintenant.

— Ha, ha, ha, reprit à son tour le Perroquet, merci, Blondine, je puis maintenant reprendre ma forme d’enchanteur ; j’ai eu moins de peine à te décider que je ne le croyais. En flattant ta vanité, je t’ai facilement rendue ingrate et méchante. Tu as causé la perte de tes amis dont je suis le mortel ennemi. Adieu, Blondine. »

En disant ces mots, le Perroquet et la Rose disparurent, laissant Blondine seule au milieu d’une épaisse forêt.