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brassaient et la contemplaient avec amour ; pendant qu’Ourson, à genoux, la suppliait de lui laisser sa peau d’ours, à laquelle il était habitué depuis vingt ans qu’il en était revêtu, Violette appela encore à haute voix : « Fée Drôlette ! fée Drôlette ! venez recevoir le prix de la santé et de la vie de mon cher Ourson. »

Au même instant apparut la fée Drôlette dans toute sa gloire, sur un char d’or massif traîné par cent cinquante alouettes. Elle était vêtue d’une robe en ailes de papillons des couleurs les plus brillantes ; sur ses épaules tombait un manteau en réseau de diamants, qui traînait à dix pieds derrière elle, et d’un travail si fin qu’il était léger comme de la gaze. Ses cheveux, luisants comme des soies d’or, étaient surmontés d’une couronne en escarboucles brillantes comme des soleils. Chacune de ses pantoufles était taillée dans un seul rubis. Son joli visage, doux et gai, respirait le contentement ; elle arrêta sur Violette un regard affectueux :

« Tu le veux donc, ma fille ? dit-elle.

— Madame, s’écria Ourson en tombant à ses pieds, daignez m’écouter. Vous qui m’avez comblé de vos bienfaits, vous qui m’inspirez une si tendre reconnaissance, vous, bonne et juste, exécuterez-vous le vœu insensé de ma chère Violette ? voudrez-vous faire le malheur de ma vie en me forçant d’accepter un pareil sacrifice ? Non, non, fée charmante, fée chérie, vous ne voudrez pas le faire, vous ne le ferez pas. »