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qu’elle voyait malheureux. Mais il craignit de l’épouvanter.

« Elle croira que je veux la dévorer », se dit-il.

Il se borna donc à lui serrer doucement les mains et à les baiser délicatement. Violette le laissait faire et souriait.

« Petit ours content ? Petit ours aimer Violette ? Pauvre Violette ! Perdue ! »

Ourson comprenait bien qu’elle s’appelait Violette ; mais il ne comprenait pas du tout comment cette petite fille, si richement vêtue, se trouvait toute seule dans la forêt.

« Où demeures-tu, ma chère petite Violette ?

— Là-bas, là-bas, chez papa et maman.

— Comment s’appelle ton papa ?

— Il s’appelle le roi, et maman, c’est la reine. »

Ourson, de plus en plus surpris, demanda :

« Pourquoi es-tu toute seule dans la forêt ?

— Violette sait pas. Pauvre Violette montée sur gros chien : gros chien courir vite, vite, longtemps. Violette fatiguée, tombée, dormi.

— Et le chien, où est-il ? »

Violette se tourna de tous côtés, appela de sa douce petite voix :

« Ami ! Ami ! » Aucun chien ne parut.

« Ami parti, Violette toute seule. »

Ourson prit la main de Violette ; elle ne la retira pas et sourit.

« Veux-tu que j’aille chercher maman, ma chère Violette ?