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fut lancée sur des pierres, où elle resta étendue sans mouvement. Pendant que Rosette, qui avait reconnu Orangine, cherchait à arrêter ses chevaux, l’autre char s’élança sur celui de Rosette et l’accrocha avec la même violence que le premier ; il éprouva aussi le même sort : il fut brisé, et la femme voilée lancée sur des pierres qui semblèrent se placer là pour la recevoir.

Rosette reconnut Roussette ; elle allait descendre, lorsque Charmant l’en empêcha en disant :

« Écoutez, Rosette. »

— Marchez, dit la voix ; le roi accourt avec une troupe nombreuse pour vous tuer tous les deux ; le soleil se couche dans peu d’heures ; je n’ai que le temps de vous sauver. Laissez aller mes chevaux, abandonnez le vôtre, roi Charmant. »

Charmant sauta dans le char, près de Rosette, qui était plus morte que vive ; les chevaux partirent avec une vitesse telle qu’ils faisaient plus de vingt lieues à l’heure. Pendant longtemps ils se virent poursuivis par le roi, suivi d’une troupe nombreuse d’hommes armés, mais qui ne purent lutter contre des chevaux fées ; le char volait toujours avec rapidité ; les chevaux redoublaient tellement de vitesse qu’ils finirent par faire cent lieues à l’heure. Ils coururent ainsi pendant six heures, au bout desquelles ils s’arrêtèrent au pied de l’escalier du roi Charmant.

Tout le palais était illuminé ; toute la cour, en habits de fête, attendait le roi au bas du perron.

Le roi et Rosette, surpris, ne savaient comment