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avec l’appétit de gens qui n’avaient pas mangé depuis près de trois ans. La soupe fut bien vite avalée ; le gigot y passa tout entier, puis le poulet, puis la salade. Quand ils furent rassasiés, la maman, aidée de Henri, ôta le couvert, lava et rangea la vaisselle, nettoya la cuisine. Puis ils firent les lits avec les draps qu’ils trouvèrent dans les armoires, et se couchèrent en remerciant Dieu et la fée Bienfaisante. La maman y ajouta un remerciement sincère pour son fils Henri. Ils vécurent ainsi très heureux, sans jamais manquer de rien, grâce au chardon, sans souffrir ni vieillir, grâce à la griffe, et sans jamais se servir du bâton, car ils étaient heureux dans leur maison et ils ne désiraient pas se transporter ailleurs.

Henri se borna à demander à son chardon deux belles vaches, deux bons chevaux et les choses nécessaires à la vie de chaque jour, mais sans jamais demander du superflu, soit en vêtements, soit en nourriture ; aussi conserva-t-il son chardon tant qu’il vécut. On ne sait pas s’il vécut longtemps ainsi que sa maman ; on croit que la reine des fées les rendit immortels et les transporta dans son palais, où ils sont encore.