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LES VACANCES.

Chartier. — J’en ai bien six mètres, de quoi faire deux chemises, répond la petite Léonard. — Combien que tu veux la vendre ? — Ah ! pas cher, je vous la donnerai bien pour une pièce de cinq francs. — Tope là, je te la prends ; tiens, voilà la pièce et donne-moi la toile. » Les voici bien contentes toutes les deux, la petite Léonard d’avoir cinq francs, la fille Chartier d’avoir de quoi faire deux chemises et pas cher. Mais quand elle la rapporte chez elle, qu’elle la montre à sa mère et qu’elle la déploie pour mesurer si le compte y est, ne voilà-t-il pas que la farine s’envole de tous côtés ; la chambre en était blanche ; la mère et la fille Chartier étaient tout comme des meunières. « Qu’est-ce que c’est que ça ? disent-elles. Cette toile a donc été blanchie à la farine ? Faut la secouer. Viens, Lucette, secouons-la dans la rue ; ce sera bien vite fait. » Les voilà qui secouent devant leur porte, quand passe la mère Martin. « Où allez-vous donc, que vous avez l’air si affairé ? lui demande la mère Chartier. — Ah ! je vais porter plainte à la gendarmerie ; on m’a volé ma belle pièce de toile cette nuit. Faut que je tâche de la rattraper. — Et moi je viens d’en acheter un bout qui n’est pas cher, dit la mère Chartier. — Tiens, dit l’autre, mais c’est tout comme la mienne. Qu’est-ce que