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LES VACANCES.

MARGUERITE.

Ne faudrait-il pas que nous nous prosternassions devant toi ?

JEAN.

Dans tous les cas, lors même que Jacques t’aurait offensé, je serais honteux de me mettre avec toi contre lui, pauvre petit qui a, comme tu le dis très-bien, la moitié de ton âge. Ce serait un peu lâche, dis donc Léon ? comme trois ou quatre contre un !

LÉON.

Tu es ennuyeux, toi, avec tes grands sentiments, ta sotte générosité.

JEAN.

Tu appelles grands sentiments et générosité que deux grands garçons de treize ans et de onze ans ne se réunissent pas pour battre un pauvre enfant de sept ans qui ne leur a rien fait ?

LÉON.

Ce n’est rien, de me taquiner comme il le fait depuis un quart d’heure ?

JEAN.

Ah bah ! Tu l’as taquiné aussi. Défends-toi tout seul. Tant pis pour toi, s’il est plus fort que toi à la course et au coup de langue.

Jacques avait écouté sans mot dire. Sa figure intelligente et vive laissait voir tout ce qui se pas-