Page:Ségur - Les vacances.djvu/337

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sophie resta près de sa belle-mère, qui continua à sangloter, à demander pardon, à appeler le prêtre. Sophie pleurait, lui disait ce qu’elle pouvait pour la calmer, la consoler, la rassurer. Une demi-heure après, le curé arriva. Mme  Fichini demanda à rester seule avec lui ; ils restèrent enfermés plus d’une heure ; le curé promit de revenir le lendemain, et dit à M. de Rosbourg en se retirant : « Elle demande qu’on la laisse seule jusqu’à demain, monsieur, la vue de cette petite demoiselle réveille en elle de si horribles remords, qu’elle ne peut pas les supporter ; mais elle vous prie de la lui ramener demain. »

M. de Rosbourg rentra chez Mme  Fichini et lui parla en termes si touchants de la bonté de Dieu, de son indulgence pour le vrai repentir, de sa grande miséricorde pour les hommes, qu’il réussit à la calmer.

« Revenez demain, dit-elle d’une voix faible, vous m’aiderez à mourir ; vous parlez si bien de Dieu et de sa bonté, que je me sens plus de courage en vous écoutant. Promettez-moi de me ramener vous-même Sophie. Pauvre malheureuse Sophie ! ajouta-t-elle en retombant sur son oreiller. Et son malheureux père, c’est moi qui l’ai tué ! Je l’ai fait mourir de chagrin ! Pauvre homme !… Et pauvre Sophie !… »